dimanche 4 octobre 2015

"Frappez et l'on vous répondra"... Il veut me revoir ! Se voir dans les yeux d'un autre : quand « l'objet » d'une autobiographie prend la parole...(2)


Fin juillet, j'avais exploré le fait d'avoir été l'objet d'une autobiographie. (Lien vers l'article)
Et voici qu'aujourd'hui, alors que je suis en grande conversation avec Atila Ismet, une bulle s'ouvre sur mon écran. Arthur Guillet m'écrit. Guillet... Se pourrait-il que ?
Oui ! Il veut me revoir ! Son grand-père Christian Guillet veut me rencontrer. J'éclate de rire, ce qui laisse mon interlocuteur sans voix.
Quelle étrange époque ne vivons-nous pas ? Hermès aux pieds ailés n'interpose-t-il pas sans cesse sa voix entre celles des humains ? Qu'allons-nous encore enseigner aux enfants sur la situation d'énonciation ?... Je vous rappelle la petite leçon : Qui est l'énonciateur ? A qui s'adresse le message et donc qui est le destinataire ? Quelle relation ont-ils ? Quels sont le lieu, le moment et les circonstances de l'énoncé ?
Pour nous tout se brouille, nos voix se mêlent...
Une femme parle à un homme, et voici qu'un jeune homme s'insère dans la conversation, à l'insu du premier. Elle rit. Elle rit d'une autre époque... de l'article qu'elle a écrit il y a trois mois ? de la situation d'il y a 35 ans ? de la réponse par personne interposée ? de la joie que l'auteur ne soit pas mort ? 
Elle rit encore en écrivant les lignes que vous lisez.
Elle ne lui a pas encore répondu, au grand-père, via le petit-fils, que déjà elle vous en parle, qu'elle partage.
A qui parlons-nous aujourd'hui ? 
Christian Guillet écrivait son autobiographie, et nous, que faisons-nous ? Nous écrivons ensemble nos vies, nous nous disons sans cesse les uns aux autres. Nous n'avons jamais autant écrit.
En manquons-nous de vivre ? Sommes-nous en train de devenir plus que jamais des êtres de langage ? Le logos (et là certains d'entre vous riront à leur tour) n'a-t-il jamais été autant présent ?
Plutôt que confusion, plutôt que platitude, j'y trouve une richesse. Le moi s'y perd et à la fois s'inscrit dans une parole sans cesse partagée, dans une parole commune. Une première pour l'humanité !
Alors, devrais-je le revoir ? 
Devrais-je ancrer dans le présent les souvenirs ? leur redonner vie ? une nouvelle vie ?
A vous de me le dire.



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