mardi 11 novembre 2014

Pourquoi l'amour meurt ? (2) La force de la mémoire


Chose promise, chose due, me voici pour une nouvelle leçon sur l'amour.

Mon Œdipe vient m'embrouiller dans ma relation amoureuse ? Déjà entendu !
Certes.
Reprenons tout de même...
Les fautifs de cette exaspération des mémoires de l'enfance sont les vestiges de notre vécu de tout-petit : la sensation d'un lent écoulement du temps, notre curiosité, notre petitesse et à la fois l'intensité de nos expériences, notre dépendance, la prévalence des émotions...
Révolte ! Pourquoi les mémoires de l'enfance sont-elles aussi importantes, aussi envahissantes ?
Nous aimerions être libre, vivre notre vie d'adulte en toute liberté.
Pourtant...
Vous souvenez-vous de votre regard neuf emprunt de curiosité devant les comportements des adultes ?
Vous souvenez-vous combien ce jardin ou cette maison vous paraissait immense ?
Vous souvenez-vous comment quelques jours ou même quelques heures n'en finissaient pas de s'écouler ?
Vous souvenez-vous de l'intensité de vos réactions émotionnelles ?
Vous souvenez-vous de l'enfermement dans le milieu familial ?
Oui notre entourage était notre monde, oui une journée d'enfance valait dix fois une journée de notre vie d'adulte, oui chaque fait et geste de nos parents, frères, sœurs, tantes, oncles nous marquait, oui leur regard sur nous devenait jugement divin, oui tout semblait plus grand, plus beau... ou plus laid.
Ma mère se retrouvait souvent à parler avec les commères du quartier, et moi, pendue au bout de son bras, je me dandinais d'une jambe sur l'autre pendant ces H...E...U...R...E...S de discussion.
Lorsque je m'ennuyais l'été, le sablier du temps n'avait de cesse de méchamment rétrécir son goulet. 
Noël n'en finissait pas d'arriver, alors qu'aujourd'hui je me demande quand je vais pouvoir faire mes achats.
Un claquement de doigts et bling ! Noël, Pâques, les vacances d'été, c'est demain.
Ainsi notre vécu est comme un cône dont notre enfance est la base en intensité, en prégnance, en force, en stabilité (positive ou négative). En tant qu'adulte, vous êtes en haut du cône. Tout y est plus petit, tout y est plus éphémère. Et tenter de contrôler du haut de la montagne n'en changera jamais la base.
Qu'en gardons-nous ? Nos structures de pensées. Et il faut des années de travail sur soi pour diminuer quelque peu l'impact de ces structures qui ne sont pas de petites pièces ou de petites boîtes dans une cave. Non, ce sont les cheminées d'un volcan. 
(dessin de William Crochot — File:Spaccato vulcano.svg)

Pourquoi l'amour meurt (3)

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